Vous a-t-on déjà appris à rouler sur du verglas ?
Si oui, vous connaissez ce que veut dire « contre braquer le volant de la voiture » ! c’est à dire, braquer le volant dans le même sens que la déportation de la voiture….Et je vous assure que cela n’est pas facile, c’est le contraire du geste instinctif ! Il faut une bonne dose de concentration pour maintenir le cap, sans se laisser envahir par les émotions.
C’est exactement ce que je vais vous proposer de faire avec vos enfants dans certaines circonstances !
Pour bien comprendre ce dont il s’agit, je vais vous raconter l’histoire qui est arrivée au plus jeune fils de Milton Erickson.
Milton fut un thérapeute hors du commun, il inventa l’hypnose ericksonienne. Lors d’un après-midi très calme, alors que ses enfants jouaient dans leur chambre, survint un bruit intempestif d’une masse dévalant l’escalier. Milton se précipita pour constater que le plus jeune de ces fils gisait sur le carrelage, la main ensanglantée.
Dans ces cas-là, la réaction habituelle de tous parents
est de se précipiter au-devant de l’enfant, le prendre dans les bras et le plaindre : Mon pauvre chéri, tu n’as pas de chance … mais ce n’est pas grave …. moi aussi cela m’est arrivé des dizaines de fois …. et maintenant tu es un grand garçon …que dis-je tu es un homme et un homme ne pleure pas.
Imaginés une seconde que vous êtes ce petit garçon et que votre papa vous dit que vous n’avez pas de chance… Que votre douleur physique et morale n’est pas importante, même si votre orgueil en a pris un coup… Et très vite il ramène l’attention sur lui en parlant de ces expériences à lui… Et conclut que vous êtes un homme c’est-à-dire pas le droit d’exprimer ses émotions.
On peut tout de suite imaginer que l’enfant ne se sent pas entendu, pas respecté dans sa douleur et il se sent au bord du rejet… Alors il n’y a rien d’anormal à ce que l’enfant développe de la colère contre son parent… Et du coup le problème avance d’un cran, car c’est maintenant le père qui ne se sent pas reconnu par son fils alors qu’il a tout fait pour le dorloter.
Comment s’est comporté Milton Ericsson ?
il est arrivé posément vers son fils qui gisait sur le sol, il s’est fortement intéressé à la quantité de sang qui coulait de sa main et lui a dit : « waahh, c’est du sérieux! on dirait que ta blessure est encore plus grave que celle de ton frère quand il a enjambé la haie du voisin… Et on dirait également que tu perds plus de sang que lui… »
Analysons ce qui se passe dans la tête de l’enfant :
Mon père me parle comme à un adulte, il laisse sous-entendre que ce que j’ai est grave, ce qui donne de la crédibilité à ma douleur. Ensuite il fait un comparatif avec mon frère aîné, ce qui crée dans mon cerveau un besoin de me remémorer les situations et de les comparer …
En faisant cela, Milton oblige l’enfant à se dissocier de ses sensations et de ses émotions
Il place l’activité de l’enfant dans le raisonnement et non dans le ressenti.
La petite histoire nous raconte qu’il a poussé le mécanisme plus loin encore en disant à son fils : » je me demande si tu vas avoir plus de points de suture que ton frère ». Ce qui a eu pour conséquence d’inciter l’enfant à se rendre chez le toubib avec complaisance…et à assister à l’opération en veillant à ce que le docteur rapproche bien les points !!!!!
Merci, Monsieur Milton Ericsson, pour cette leçon de choses …Eh oui, ce merveilleux outil qu’est l’Association et la Dissociation , ne s’utilise pas que pour nous …nous pouvons également l’offrir aux autres …. pour les aider à entrer dans l’expérience …ou à en sortir , selon l’objectif de confort qu’ils souhaitent .
N’hésitez pas à expérimenter ces nouveautés dans votre entourage.
Plus vous ferez des gammes sur votre piano, plus vite vous serez pianiste !