Pourquoi on devient psy 34 – L’amour enfin. 1

Nous sommes le 5 mars 1983 ma vie prend un tournant à 180°…j’entre dans une aire de paix affective…je me sens aimée…je réapprends à partager… à faire des projets à deux….j’ai l’impression de me déplacer à 20 centimètres du sol… Le soleil m’habite à l’intérieur…
Mais je ne suis pas seule …j’ai 2 filles de 18 et 16 ans et mon amoureux à 2 filles de 19 et 17 ans.
On aimerait concrétiser notre besoin l’un de l’autre par une vie en commun ! Mais des petites sonnettes d’alarme tintent à mes oreilles. Nos quatre filles n’éprouvent pas la même attirance les unes envers les autres. Cela se comprend ce sont deux modes éducatifs diamétralement opposés. D’une part une éducation structurante et de mon côté une éducation anarchique et libérale.
Avec le temps je l’ai regretté souvent, mais comme jeune mère, je n’avais pas les clés de l’éducation …n’en ayant pas reçue moi-même…j’ai fait du mieux que je pouvais…mais je pouvais peu, j’étais tellement habitée par le sentiment d’abandon et des conséquences qui en découlent, que cela occupait toute la place.
Seul le besoin de prouver à mes parents qu’ils avaient eu tord de me manifester de l’indifférence focalisait tous mes objectifs…je voulais leur prouver que j’étais la « meilleure »…et sans y prendre garde, depuis des années je mettais la barre de plus en plus haut…jusqu’à épuisement.

Alors nous avons décidé d’attendre que nos filles soient personnellement en ménage ou en kot d’étudiant pour enfin vivre pleinement notre aventure amoureuse…cela a pris 5 longues années.
Mais on passait tous les week-ends ensemble, une fois chez lui, une fois chez moi…
Et ce n’est pas mal non plus. Cela permet de se mettre en condition afin de laisser derrière soi toutes les contingences domestiques et professionnelles et d’apparaître dans une superbe disponibilité amoureuse. Le pied !
Ce fut une période très festive, il voulait me présenter à tous ses amis et moi aux miens…et nous avons vogué ainsi de soirées, en barbecues…que du bonheur.
Mais je m’étais aperçue que mes amies n’étaient pas indifférentes à son charme…elles voulaient malicieusement le tester…je me sentais en danger, j’avais mis des années à trouver mon éléphant rose et il n’était pas question qu’on vienne me brouter l’herbe sous le pied.
Alors je me suis mise à le travailler au corps pour lui vendre les bienfaits d’une éventuelle entrée en maçonnerie. Là son esprit et son temps seraient occupés …et je pourrais dormir sur mes deux oreilles.
Mais Josiane, c’est de la manipulation ?
Oui c’est de la manipulation pure et dure, mais de deux maux il faut choisir le moindre. Et quand c’est une question de survie, notre petite voix intérieure s’inscrit aux abonnés absents !

Je lui ai attribué un petit nom câlin : « Boubou »…
Mon Boubou… j’étais enfin arrivée à bon port à ses côtés.
Mes peurs pouvaient prendre des vacances et ma créativité pouvait s’engager dans des réalisations à deux.

Comme il dirigeait un groupe de délégués médicaux pour une firme pharmaceutique internationale, il partait souvent à l’étranger…et je me faisais un plaisir vibrant d’aller le rechercher à ses descentes d’avion.
Là je me faisais super belle pour qu’il soit fier de moi…et cela portait ses fruits, car des envieux nous scrutaient du coin de l’œil.
Émanait de notre couple une aura de symbiose spirituelle et physique…une intime complicité. Nos amis nous voyaient comme l’idéal du couple et ils avaient raison.

Dans ma tête j’avais rejoint mes 20 ans .
Mais je pense qu’on ne puisse pas ressentir tout cela quand on a vraiment 20 ans …on est trop préoccupé par l’avenir …dans lequel on se projette en permanence pour vérifier nos choix…ai-je fait le bon choix, suis-je à la hauteur …le chemin qui m’est imposé par mes choix, va-t-il m’amener là où je rêve d’aller !
Alors que quand l’âge adulte vous donne une deuxième chance…on sait ce qu’il ne faut pas faire ou ne pas dire et on s’abandonne au sublime cadeau qu’est l’instant qui passe.
Un jour de plein soleil ma mère et moi regardions Boubou s’ébattre dans la piscine, nous étions muettes d’admiration devant cet apollon sportif…l’eau n’avait pas de secret pour lui, car la vie et le travail lui avaient offert d’être champion national de water-polo.
Alors en silence nous regardions la bouche ouverte ce bel homme jouer dans l’eau comme un dauphin ….ma mère rompit le silence pour me dire : « là je peux partir , tu seras bien avec lui…tu n’as plus besoin de moi pour veiller sur toi »

Cette phrase dite d’une manière si tendre venait de me déchirer l’intérieur comme un éclair fulgurant.
Deux évidences se bousculaient dans ma tête … ma mère n’est pas immortelle…et j’ignorais lui donner des soucis .

Depuis quelques années une trêve s’était établie entre nous et nous nous étions rapprochées non pas dans des rapports mère/fille, mais comme deux femmes en confidence de notre condition…avec les années j’avais fini par comprendre cette femme si différente de moi. Nous avons eu quelques beaux moments ensemble, mais jamais nous n’avons évoqué le problème de l’abandon, c’était encore trop à vif !

Boubou et moi nous nous préparions à passer ensemble le mois de vacances dans ma maison pour tester la vie en commun et le samedi , jour où Boubou devait débarquer chez moi, j’ai reçu un coup de fil d’une amie de ma mère qui s’inquiétait de n’avoir aucune nouvelle de celle-ci malgré ses appels répétés.
« Tu devrais aller y voir, tu as les clés…je suis très inquiète ! »

Tout était très en ordre dans la maison, seule une chaise était renversée et trônait au milieu du tapis….Et là à l’autre bout de l’espace gisait ma mère immobile dans une position d’abandon ……… Le monde s’est effondré sous mes pieds, j’ai pris 20 ans en une seconde…je me retrouvais seule au monde tout au bout de l’entonnoir de la vie…
…Plus personne derrière moi, j’ai le dos au mur, je étais devenue la doyenne, l’ancêtre..
Elle est paisible, elle n’a pas souffert, les draps sont à peine froissés…elle est arrivée au bout de sa route en paix avec ses démons …mon cœur saigne, mes yeux se liquéfient.
Notre histoire terrestre se termine ici et maintenant…mais une autre histoire commence, celle de notre relation spirituelle.
Quotidiennement je me suis mise à lui parler, lui exprimer le fond de mon âme pour lui pardonner … ce long monologue , je l’ai commué au fil du temps en dialogue imaginaire en faisant vivre son image sur l’écran de ma mémoire .
Selon la physionomie du visage, j’avais le sentiment qu’elle répondait à mon discours par un acquiescement ou une désapprobation… « Fais attention fifille, là tu vas te brûler les ailes »…« prend patience »…« sois plus douce »…« je suis fière de toi »…« protège ta santé »… « prend du repos »….
Je te pardonne Maman, tu as fait du mieux que tu pouvais…et je suis fière d’avoir eu une maman comme toi.
J’ai mis des années à étouffer mon envie de lui téléphoner au moindre questionnement… ah ! oui c’est vrai elle est morte.

Alors s’en suivirent la longue série d’obligations…ce mois de vacances que nous avions l’intention de savourer jusqu’à la lie s’est transformé en corvée administrative et en déménagements intensifs.
Ma mère occupait une maison à 5 étages entièrement meublée. Toute la chronologie de sa vie y était représentée…elle avait beaucoup de difficultés à se dessaisir des objets qui racontaient son histoire.

Elle ne s’était pas trompée en me disant : « avec cet homme-là, tu seras heureuse, tu pourras compter sur lui !»

Il a retroussé ses manches et il m’a entraîné dans une frénétique valse d’organisation. On a commencé par descendre à la cave tous les objets de valeur, mais ce fût vite plein…alors il a eu l’idée de louer un grand garage pour y stocker tout ce dont je ne voulais pas me défaire …c’était comme si je l’enterrais pour la deuxième fois…comme si je niais son existence.
Et puis on ne sait jamais ! il y avait de tellement belles choses !
Dans les mois qui suivirent…quand par hasard j’avais l’idée d’aller rechercher un objet au garage dont j’avais « le plus grand besoin, me semblait-il »…j’avais l’impression d’entrer au Père la Chaise à Paris …c’était suffocant…
J’y suis allée très peu. Et les belles choses se sont démodées.

Le hasard a voulu que l’ex-femme de Boubou manifeste le désir de récupérer la moitié de leurs avoirs en commun…..on a louer un deuxième garage pour vider l’appartement et on a retroussé une fois de plus nos manches.
Durant deux années on n’a fait que changer des objets de place, car il a fallut installer des studios pour les 4 filles….et ce qui était entassé dans les garages a très peu servi…on était en plein boum IKEA.
Mais bientôt nous en verrons le bout de ces corvées, car je dessine les plans de notre futur nid, rien que pour nous deux .

Merci la vie.

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