Petite mise au point pour tous mes auditeurs et auditrices …surtout ne faites pas de complexe suite à l’énumération de toutes mes entreprises dont je vais vous parler … Quand un individu à un tel besoin de se réaliser , c’est généralement parce qu’il a un besoin énorme de reconnaissance …et qu’est-ce qui fait que ce besoin est si présent chez la personne …c’est justement parce qu’il a manqué de reconnaissance dans son enfance .
Mais attention, la reconnaissance n’est que la satisfaction de rechange du besoin primaire qu’est l’amour !
Un merveilleux livre parle bien de ce syndrome …
cela s’appelle : « Le drame de l’enfant doué » d’Alice Miller.
Quand j’étais petite , mes parents ne me voyaient pas… d’où j’ai accumulé les bêtises pour être vue et en grandissant j’ai accumulé les performances pour qu’ils comprennent une fois pour toutes , que je valais la peine qu’on s’intéresse à moi . Aujourd’hui à 73 ans je remercie mes parents de s’être comportés de la sorte , car j’ai passé toute ma vie à m’installer des défis de plus en plus grands et de plus en plus inaccessibles …grâce à eux j’ai toujours reculé mes limites et donc j’ai eu une vie d’une richesse inouïe .
Alice Miller appelle cela : « la grandiosité » .
L’être « grandiose » est admiré partout et il en a besoin. Il ne peut pas vivre sans cela . Il doit réussir brillamment tout ce qu’il entreprend et il y parvient parce qu’il ne s’aventure que là où il a pied . Mais la dépression le guette au moindre échec …alors il se ressent comme le petit enfant d’autrefois face au visage de sa mère , dans lequel il ne trouvait pas son propre reflet . Le succès permet de nier cette frustration de l’enfance…mais la dépression le mène au bord de cette plaie et seul le deuil de ce qui lui a manqué pourrait la cicatriser. Mais ça, c’est l’histoire de toute une vie !
Voilà pourquoi on devient thérapeute…c’est pour comprendre cela et se donner la chance de sortir de cette compulsion de l’affirmation de soi…qui risque d’engendrer une énorme dépression quand le corps n’acceptera plus de suivre cette cadence démesurée.
C’est très tard dans ma vie que j’ai découvert cette théorie d’Alice Muller, mais au fond de moi existait cette pulsion d’être vue envers et contre tout …en bien comme en mal …dans l’extravagance ou la générosité .
Ayant à l’époque ce besoin de Grandiosité sans le savoir,
je m’investissais beaucoup dans ma maison que je voulais somptueuse…alors je me suis mise à l’organiser, la meubler, l’embellir… je suis devenue une acheteuse compulsive de l’Abbé Pierre. Je visite les compagnons d’Emmaüs toutes les semaines et j’accumule les meubles que je décape, que je ponce, que je regarnis de velours …la « lessive saint marc » n’a plus de secrets pour moi …je me promène avec des clous de tapissier dans les poches…j’accumule les bonnes adresses de tissus d’ameublement …vous imaginez : 15 pièces de 3,50 de hauteur cela fait des kilomètres de rideaux et doubles rideaux !
Mais si j’ai tout ce loisir de disposer de mon temps en dehors de mes heures de cours,
c’est parce que le père Noël m’a fait un gros cadeau qui s’appelle Marie-Louise que nous avons appelée Nénette . Elle a 60 ans elle a perdu une petite fille à la naissance et ne s’en est jamais remise . Alors s’occuper de ma petite à moi la réjouit et moi je me réjouis d’avoir découvert une fée du logis . C’est une grosse femme de la campagne qui prend la besogne à bras le corps et qui sait tout faire . Elle débarque le matin à 7heures et demie et je m’envole vers mon école , ma liberté, mon indépendance, mes collègues avec lesquelles j’ai un bon contact et mes élèves qui me manifestent beaucoup de reconnaissance ! Quand je rentre à la maison …tout est fait…la lessive, le repassage, le nettoyage …et le repas mijote sur la cuisinière …le Bonheur ! Cela me coûte presque l’entièreté de mon traitement de prof …c’est ouf ! mais je m’en fous …la liberté n’a pas de prix.
Cela me donne beaucoup de temps pour assouvir ma passion du moment : le bricolage et la décoration.
Tout en donnant le bain à ma pitchounette , je continue à ajuster les cloisons de la nouvelle salle de bain. ..j’ai encore des photos de cette époque…je me rappelle avoir testé l’ajustement d’une très lourde cloison à l’arrière de la baignoire …et comme l’ajustement tombait pile poile …j’ai laissé derrière celle-ci mes deux flacons de bain moussant…je suis prête à parier qu’ils s’y trouvent encore 50 ans plus tard .
C’est fou ce que j’ai fait dans cette maison…je m’y suis investie pendant 10 ans ….Toute l’électricité était sous forme de cordelière dont la garniture d’isolant partait en poussière …les boîtes de dérivation étaient des espèces de gros champignons apparents en porcelaine blanche…on risquait le feu à tous moments, il était urgent que je remonte mes manches …c’est ce que j’ai fait …j’ai recâblé toute la maison en fils apparents ( le contrôle Vinceotte n’existait pas …) cela a l’air comme cela insurmontable …mais c’est comme : « manger un éléphant » , si on mange un petit bout tous les jours, on finit par le bouffer complètement.
La première stratégie dans ce cas-là,
c’est de faire juste un petit essai pour commencer , ne pas se mettre une brouette sur le dos…non : activer son critère de curiosité pour voir de plus près comment c’est fait, ou comment ça marche …ou comment cela ne marche pas et pourquoi ….
On dort un petit peu là dessus et demain si je suis encore suffisamment curieuse je pousse le bouchon un peu plus loin , juste pour avoir quelques infos en plus….mais je n’ai pas encore décidé de faire le boulot ( en l’occurrence, l’installation électrique) … et comme cela, d’information en information, on finit par comprendre le travail et cela n’a plus rien d’inconnu …donc ça ne fait plus peur…et alors naît à l’intérieur de nous, l’envie de se mesurer à ce travail qui n’a plus rien de compliqué … et c’est parti, on trace !
La deuxième stratégie pour bien réussir son entreprise,
est de se projeter dans le futur tout au long du travail et se faire une représentation mentale évolutive …exemple : comment ce sera ce soir à la fin de ma journée de travail ….ou samedi prochain lors de la visite de nos amis …ou dans quelques semaines quand ce sera complètement terminé………….Et ça marche . Les gens qui stagnent et se découragent , c’est parce qu’ils vivent l’instant présent en travaillant ? Alors ils ne se voient pas avancer et ils abandonnent.
Sur deux, trois années, la maison a pris un joli coup de rajeunissement
et je commence à avoir des envies de fêtes . J’ai envie de monter mon travail comme je l’ai dit plus avant, j’ai un mari qui a besoin d’être entouré , d’avoir sa petite cour , il connaît beaucoup de monde, il a beaucoup d’amis …alors faire une fête à la maison est une véritable entreprise . Durant les premières fêtes, on invitait une vingtaine de personnes et 7 ans plus tard on invitait plus de 100 personnes et certains amis nous reprochaient de les avoir oubliés .
La fête annuelle se faisait au moment du carnaval pour profiter de ma semaine de congé . Durant la semaine qui précédait, je faisais les courses en commençant par les denrées non périssables , exemple les boissons …je remplissais 2 cadies de whisky, gin , rhum et autres boissons alcoolisées … vous imaginez ! … à l’époque on ne buvait pratiquement pas de vin , sauf au restaurant …2 caddies d’alcool, c’était l’ambiance assurée, cela démarrait sur les chapeaux de roues et mieux valait inviter les proches voisins .
On vivait dans l’opulence, c’était avant la crise pétrolière …
on allait 2 fois en vacances au club Med , une fois à la neige et une fois au soleil …on était tous dans l’énergie de consommation à l’extrême pour créer de l’emploi , pour éviter le chômage, la fermeture des usines …..Donc on avait bonne conscience en mordant dans la vie à pleines dents.
Du vendredi midi au samedi midi je préparais le buffet froid à moi seule …j’avais l’habitude de cela …mes parents recevaient beaucoup de monde pour leur business et toute jeune je fus mise à l’épreuve dans l’organisation d’une cuisine festive …donc cela ne me cause aucun souci de préparer un buffet d’une vingtaine de plats .
Comme cela se passait au carnaval, j’ai proposé quelques fois que les invités se déguisent et de préférence en déguisement ridicule …ça met tout le monde à l’aise et très vite même les gens qui ne se connaissent pas : se tutoient !
Rencontrer des gens pour faire la fête et guindailler …
même si cela ne sert à rien et que cela ne fait pas déborder la planète d’intelligence…cela permet de tisser des liens , même futiles ….En analyse transactionnelle ce genre de communication s’appelle « le passe-temps » …et s’est beaucoup plus instructif qu’il n’y parait !
Imaginez-vous dans une fête costumée…le choix de votre déguisement aura un impact immédiat sur l’image que vous voulez donner de vous …Il aura un impact immédiat sur votre comportement qui aura tendance à se synchroniser à votre aspect extérieur. Vous risquez même de vous confondre avec le personnage …de vous approprier son langage et ses émotions ….
Un de mes amis qui fait du cinéma , m’a raconté qu’un jour
lors d’un tournage en Suisse où il était figurant dans une bataille en costume militaire ….C’est aperçu qu’au bout du 3e jour de tournage durant la pause de midi…les gradés mangeaient ensemble …et les troupiers entre eux …Si vous connaissez plus con que ça, faites-le-moi savoir !
Donc une soirée déguisée libère la créativité, les inhibitions et parfois en rajoute d’autres ! Mais vous est-il déjà arrivé de vous retrouver 5 ou 10 ans plus tard en face d’une personne qui faisait partie de la même fête que vous …et vous êtes-vous rendu compte que vous aviez envie de vous raconter plein de choses à ce sujet…alors que durant la soirée vous avez à peine échangé 3 mots.
Vous comprenez pourquoi le « passe-temps » est important…..il ne véhicule que très peu de messages verbaux , mais par contre il véhicule énormément de messages corporels et émotionnels .
Alors vive le « passe-temps » et amusons-nous dans la vie …
Merci le vie.