Pourquoi on devient psy 15 – Mes balbutiements de prof… 0

Cela ne présente pas que des inconvénients  d’avoir un homme qui vit plus en dehors de la maison que dans la maison …car il se moque complètement de comment vous la décorez, de comment vous l’entretenez…bref de tout ce qu’y s’y passe .
Cet homme  a été l’être le plus libre que je connaisse…mis à part le  Dalahi Lama.  Il ne s’encombrait de rien…il n’a d’ailleurs rien fait entrer dans cet appartement, pas un livre, pas une photo ….juste ses chaussettes , ses caleçons et une trousse  en plastique brun qui contenait ses ustensiles de toilette .
Au début de notre rencontre comme il n’avait pas de voiture , on se déplaçait avec ma deux chevaux …donc c’est moi qui passais le prendre là où il était …insidieusement j’avais pris la place du « taiseux » ….et au printemps qui a suivi, il s’est enfin acheté une mini Cooper verte qui est devenue son bureau.
Dans sa tête, il m’avait déjà fait un gros cadeau en acceptant de se marier …et il ne fallait pas en plus lui  demander de faire le mari.  Mais cela ne me posait aucun problème , j’étais habituée à m’organiser seule, m’occuper à ma convenance, prendre soin de moi …me suffire à moi même …quelque part cela m’arrangeait .

Comme je l’ai dit, très vite j’ai obtenu un intérim

de 15 jours à Bruxelles dans mon ancienne école et un peu plus tard  un intérim à Beaumont  à 27 km au sud de Charleroi  dans une école de Garçons. Ce fût la rencontre de deux mondes …  mes futurs collègues portaient pour la plupart, des cache-poussière gris avec des manches en lustrine …je n’avais vu porté cela que par mon grand-père quand il nettoyait les cuivres.
Il y eut un silence ….On me souhaita gentiment la bienvenue avec un sourire malicieux au coin de l’œil …ils souhaitaient me voir affronter les garnements dont j’aurais la charge pour une quinzaine de jours …et c’est ainsi qu’ils m’accompagnèrent jusqu’au pavillon en ayant soin de me laisser entrer toute seule , alors qu’ils allaient se regrouper devant la fenêtre pour ne rien perdre du  spectacle.   Le bruit de mes talons aiguilles sur le vieux carrelage disjoint a fait  que 18 paires d’yeux se tournèrent  vers moi comme un seul homme et me fixèrent ..Alors je m’entends dire bêtement ….   « Bonjour les jeunes gens »…fou rire général …ils n’ont pas l’habitude d’être qualifiés de la sorte …
Pour récupérer ma contenance  je souris niaisement en asseyant d’accrocher le regard de chacun…c’est alors que le plus espiègle  de la bande reprend ma phrase en accentuant ma mimique d’une  bouche en cœur  et puis chacun y va de son  « bonjourrr Ma Daaame »  « Bjour m’dam »    « Bonjour ma belle »  …salut la môme …
Devant cette moquerie généralisée je décide de les féliciter pour  leur drôlerie …leur imagination  …et subitement je me synchronise à eux en prenant leur accent , leurs attitudes …..j’ajoute que j’aimerais qu’on ouvre la fenêtre parce que ça pue le bouc dans la classe ! Là, ils ont été surpris jamais personne n’avait dit cela ….à moi d’ajouter , c’est peut être parce que  vous êtes tellement dans l’odeur que vous ne la sentez plus…

Et alors on a fait connaissance,

je me suis intéressée à leur petite vie dans les campagnes , à leur passe-temps favori …plus d’une fois ma curiosité ouvrait des portes qu’il aurait mieux valu laisser fermées …mais cela mettait de l’animation durant les deux heures que nous avions à passer ensemble . Ils étaient plus malicieux les eux que les autres …je me souviens avoir puni l’un d’eux qui se barbouillait les bras avec de la gouache, en l’obligeant à venir se mettre à genoux juste à côté de mon bureau …en fait il n’attendait que cela …être tout près de moi pour sentir mon parfum  et se mettre à fredonner  la chanson de Franck Alamo : « biche, ma biche, j’aime quand tu soulignes au crayon noir tes jolis yeux » …il était tellement craquant que  je ne pouvais m’empêcher  de rire  et alors il se tournait vers les autres avec l’air victorieux  de celui qui a  gagné son pari.
Je n’ai pas fait grand-chose avec eux …je devais enseigner les « travaux manuels » mais face à des gamins de 15 ans j’avais perdu toute ma créativité. Je ne voyais vraiment pas ce que je pouvais leur apprendre qu’ils ne connaissaient déjà . L’apprentissage fut plus fructueux pour moi que pour eux .

Puis mon intérim toucha à sa fin

et en quittant la classe en rang à la fin des cours , j’ai senti qu’on m’approchait d’un peu plus près et j’ai senti deux mains qui me touchaient  les fesses …je venais une fois de plus d’être la cible d’un pari entre eux …je me suis retournée violemment vers tous ces yeux angéliques qui ne manifestaient aucune culpabilité …et pour la forme je les ai menacés des pires choses  …pendant que le groupe se disloquait comme des perdreaux pour quitter les lieux.  Mais je n’ai pas pu m’empêcher de raconter l’incident au directeur en allant lui faire mes adieux …et il m’a regardé d’un air penaud en me disant … » mettez-vous à leur place …vous êtes habillée comme si vous veniez d’une autre planète ….Vous représentez un monde qu’ils ne connaissent et sans vouloir vous offusquer : moi-même à leur place ,  j’aurais du mal à garder mes mains dans mes poches .

Pour la petit histoire …dans les années 1985

un homme entre 45 et 50 ans m’accoste dans la supérette où je fais mes courses pour le repas du soir , il m’appelle par mon nom avec un sourire qui lui éclate la figure .  …vous ne vous souvenez pas de moi, mais moi je me souviens bien de vous   … à Beaumont il y a 25 ans …j’ai été votre élève …effectivement je ne vous aurais pas reconnu  dis-je ! Mais je ne me suis pas attardée, je ne voulais pas prendre le risque que tout le magasin soit au courant de ce que ces gamins  m’avaient fait subir .Mais cela m’a quand même plu  qu’il se souvienne de moi avec plaisir .

Trois fois par semaine,

j’allais m’asseoir sur le banc situé en face du bureau de la directrice de cette école technique dans laquelle j’espérais faire carrière .  Je savais qu’il y avait une section artistique  qui bientôt serait suivie d’un graduat . Je ne voulais pas passer ma vie en intérims et essayer de sensibiliser des jeunes à l’art , alors qu’ils n’en n’ont rien à cirer …Non je voulais avoir un vrai contact avec des jeunes qui rêvaient de faire du dessin, de la peinture, du design , de la création en tous genres …et pour se faire je devais faire partie de cet établissement ….Accepter bien sûr de commencer au bas de l’échelle, mais une fois dans la place j’aurais les cartes en mains et mon avenir ne dépendrait plus que  de mes compétences et de mon investissement dans ma profession.

C’est ma grand-mère Rosine qui m’avait dit :

si tu veux que quelqu’un pense à toi, trouve-toi sur sa route le plus souvent possible . Alors chaque fois que la directrice ouvrait la porte de son bureau et que je me trouvais sur le banc, je lui envoyais un regard interrogateur et elle me faisait un signe de tête pour me dire qu’il n’y avait pas encore de poste  en vue , mais que cela ne saurait tarder , le Collège échevinal se réunissait dans quelques jours .  Il est évident qu’elle m‘a recommandé , car au bout d’un mois de « sitting » devant son bureau, j’avais prouvé ma détermination . .. et cela m’a valu de recevoir  la lettre officielle stipulant que ma candidature avait été retenue …BINGO.

J’avais obtenu une charge de 16 heures semaine

dans les 2 premières années de la section coiffure .Mon travail est de leur apprendre à dessiner et leur donner une initiation à l’histoire de la coiffure .  L’accueil fut plein de chaleur et d’émotion …les plus petites piaillaient comme des oisillons …elles parlaient toutes en même temps …elles voulaient tout savoir de moi ….Pourquoi ceci…pourquoi cela ….elles voulaient que moi aussi je sache tout d’elles …ces gamines avaient  besoin qu’on les écoute , qu’on les considère …elles avaient surtout besoin de s’identifier à quelqu’un et de le modéliser …et le hasard à voulu que cela tombe sur moi.  J’ai passé beaucoup de temps avec elles et on a fait beaucoup plus que du dessin …chacune à appris à mettre des mots et des images sur la fille qu’elle voulait devenir, sur comment elle voyait son métier …sur le genre de professionnelle qu’elle voulait être  …il m’arrive encore d’en rencontrer l’une ou l’autre dans une grande surface commerciale  et de me faire accoster par une de ces anciennes petites fille  qui maintenant est une femme d’un certain âge avec un certain poids et qui n’en finit pas de me remercier d’avoir été le déclencheur de sa vie .  A la fin juin de cette première année , lors de la remise des bulletins j’ai reçu PAS MOINS DE  23 bouquets de fleurs …vous imaginez….Merci la vie .

Oh, j’allais oublier de vous parler

de l’épisode dans la salle des Cérémonies à l’Hôtel de Ville …c’est absolument authentique, je le jure .  Pour la remise des bulletins, toutes les élèves et tous les membres du personnel quittaient l’école à pieds jusqu’à l’Hôtel de Ville de Charleroi . Ce qui équivalait à l’époque à une colonne de plus  de 700 élèves et 180 profs .  La proclamation avait lieu dans le grand théâtre  à la suite de quoi, le personnel était invité au vin d’honneur offert par la ville .
Pour la circonstance les professeurs étaient priés de porter un chapeau …et la plupart de mes collègues se paraient d’un béret  alpin qu’elles enfouissaient au plus vite au fond de leur proche après la cérémonie .
Moi , un béret alpin ça n’a jamais été mon truc …mais puisqu’il fallait un chapeau ,  j’allais me confectionner un chapeau …ou plus exactement , j’ai réutilisé la coiffe de mon mariage , c’est à dire une boule de tulle blanc que j’ai customisée par un bandeau de velours noir qui encerclait mon visage …le tout porté sur un élégant petit manteau trapèze en velours noir . J’étais à croquer .

Nous voilà tous réunis en carré pour le vin d’honneur…

les 180 membres du personnel collés aux quatre murs  de l’immense salle de réception …avec un grand carré vide au milieu …et nous attendions les autorités communales en  jacassant comme des perruches à quelques heures des vacances .  Puis un grand silence eu lieu…c’était l’entrée des autorités, le bourgmestre , les échevins , les conseillés communaux et leurs huissiers . Le discours se devait d’être dit par l’échevin de l’instruction publique , bel homme, un peu suffisant , narcissique et très séducteur . Il  marque un temps d’arrêt pour accrocher son public,  s’éclaircit la voix, puis dans un silence à couper au couteau il traverse le carré vide en diagonale et s’avance vers moi, sans me quitter des yeux .
 » Madame votre élégance et votre audace illumine ce salon communal , vous êtes un réel plaisir pour les yeux et je tenais à vous le faire savoir , surtout ne changez rien ».

Je suis au bord de l’évanouissement alors qu’il me fait le baise-main…

mais qu’est-ce que c’est  bon !  aux frontières  de l’orgasme.
L’année d’après la directrice a suggéré que nous ne mettions plus de chapeau  pour être en meilleure adéquation avec notre époque.

ça aussi c’est la vie !

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