Bonjour, tout le monde, aujourd’hui nous sommes le 14 juin 2015 et je fête mes 73 ans .Toutes ces années sont passées comme une lettre à la poste…je n’ai rien vu venir … il me semble que j’ai toujours 20 ans, 30 ans ou 50 ans … et cela selon mon humeur !
Quand je me rencontre dans un miroir j’inspecte mon regard et je parts à la recherche de celle qui vit à l’intérieur de moi et alors je croise plein de femmes de tous les âges …
il y a la petite de 2 ans et quelques !
qui est assise devant un grand miroir… elle a chipé des ciseaux de tailleur pour couper cette touffe de cheveux au-dessus de sa tête qui fait la fierté de sa maman …oui c’est le meilleur moyen qu’a trouvé cette petite pour que sa maman s’occupe d’elle …parce que sa maman n’a pas beaucoup de temps à lui consacré , elle coud du matin au soir pour gagner quelques sous, c’est la guerre et son mari est dans le maquis des Ardennes belges , il vit dans les bois avec plein de compatriotes courageux qui ont pris leur destin en main…..
Sa maman constate les dégâts et les larmes lui viennent …cette petite fille vient de lui casser son jouet, sa poupée. Cette femme est tellement dans le rêve et l’illusion qu’elle croyait avoir mis au monde une poupée obéissante qu’elle ne devrait jamais affronter. Elle s’arrête de piquer à la machine , elle est stupéfaite ! cette petite a une vie indépendante de la sienne …ce n’est pas juste un objet conditionné………Elle mesure son erreur et les conséquences que cela va peut être engendrer …alors elle prend la petite dans les bras pour apaiser leur solitude à toutes les deux…et elle pleure de plus belle , son coeur bat très fort …Ouf se dit la petite fille , j’ai une brosse au-dessus de la tête, mais j’ai gagné …j’existe aux yeux de ma mère ….Je ne suis plus seule au monde .
Puis il y a cette petite qui grelotte dans un lit glacé
malgré la bouillotte que sa grand-mère lui a installée. C’est l’hiver, il gèle à « pierre fendre” elle est dans les Ardennes à la frontière entre la Belgique et la France , il y a deux bâtiments la maison glacée ensevelie sous la neige et la baraque des douaniers où il ne se passe pas grand-chose …c’est le cul du monde …la vie a oublié de venir jusqu’ici .
La petite pleure dans son lit, elle veut sa maman , mais sa maman ne veut pas d’elle , elle pourrait demander à voir son papa, mais elle ne le connaît pas très bien , il est rarement là ..Il y a bien ses oncles, ses tantes et ses cousins , mais ils habitent à mille lieux sur une autre planète … et puis il y a cette grand-mère compatissante …elle est la maman de son papa ..C’est une femme imposante qu’on n’affronte pas , elle aime l’ordre , la justice, la droiture …elle a élevé ses 3 enfants toute seule, dans la discipline et le don de soi… son mari est mort en 1918, gazé ! Elle a fait de ses enfants ce qu’elle a pu …comme toutes les mères. Mais quand elle me regarde je sens de l’amour dans ses yeux , je suis la fille se son préféré , son fils Maurice…le petit dernier , celui qui est le plus espiègle, le plus libre, le plus inventif , le plus courageux …celui qui sera sa fierté et donnera du sens à sa vie .
J’ai 8 ans , je vis dans les combles de cette grande maison bruxelloise …
c’est mon château . Là j’ai la paix, je me fais oublier et on m’oublie ! Je me suis fait un univers à la mesure de mes rêves de princesse des mille et une nuit …cet isolement me fait oublié ma solitude, car je le peuple de tous les amis dont je rêve et que je n’aurai jamais…Je vis dans des états modifiés de conscience, je me transporte dans des lieux et des situations imaginaires…je suis à la fois l’héroïne et la victime , je jongle avec cette polarité sans déranger mon équilibre intérieur que je veux immuable et contrôlant. Je suis en train de découvrir l’hypnose .
C’est dimanche , de la petite fenêtre du toit j’observe mes parents qui dans la cour de l’immeuble, travaillent sans relâche 7 jours sur 7 pour reconstruire une vie après la guerre …pour se reconstruire des rêves de confort, de sécurité et pourquoi pas d’opulence . Le rêve est la plus belle invention du cerveau , c’est ce qui nous permet d’accepter le quotidien dans ce qu’il a de banal , de contraignant et parfois de douloureux. Ouf, ils ont tellement le coeur à l’ouvrage qu’ils ont oublié de me demander à voir mon bulletin. La semaine passée j’avais ramené un 6 sur 10 et il était écrit en rouge “ Josiane ne s’applique pas en classe, elle est dissipée, fait le clown , elle dérange la maîtresse”.
C’est avec des grosses larmes plein les yeux que j’avais promis à mes parents de mieux faire …de devenir la petite dont ils seraient fiers …et durant toute la semaine je n’ai cessé de contrôler mes pulsions …du moins je le croyais …la semaine arrive à sa fin , on est samedi , il est midi moins cinq…toutes les filles de ma classe sont en rang dans la cour pour recevoir leur bulletin de la semaine …mon tour arrive, je reçois le salvateur feuillet et le couperet tombe …il est écrit 3 sur 10 . Je me liquéfie, c’est la plus grosse injustice de toute ma petite vie …là ils vont être déçus irrémédiablement , ils vont se débarrasser de moi et me mettre en pension pour oublier cette créature qu’ils ont mise au monde par accident .
Ils ne m’ont pas mis en pension ce jour-là …cela viendra plus tard quand j’aurai 12 ans .
Pour l’heure je vis dans mon grenier, j’y dors, j’y transporte mes repas et personne ne s’inquiète ! Dans l’univers où je vis, chacun vit sa vie ..Le mot n’existe pas encore ce sont mes parents qui l’ont inventé : cela s’appelle vivre en copropriété !
Dans mon grenier, je lis , je lis beaucoup et très vite ma vie intérieure va se développer et j’irai chercher mes réponses dans la collection » j’ai lu” de Flammarion…c’est comme sera que j’ai fait la connaissance de Edgar Cayce…Lobsang Rampa …et plein d’autres qui m’ont initié à l’introspection, la méditation, la spiritualité et la transcendance.
Mes parents me voient comme un monstre, surtout ma mère, car mon père n’a pas de temps de s’occuper de moi, les enfants «c’est pas son rayon».
Je disais donc que ma mère me voit comme un monstre …et parfois elle n’a pas tord …j’ai une colère tapie au fond de moi , mais je n’ai pas encore mis des mots là dessus …or une chose n’existe que si elle est nommée et comme je n’ai encore aucune connaissance en psychologie , je ne sais pas que cela s’appelle de la colère …mais cela me dérange très fort et cela me rend parfois hargneuse , jusqu’à faire courir ma mère après moi autour de la table et lui faire monter les 4 étages derrière moi , jusqu’à mon grenier et se retrouver bêtement devant une porte close , infranchissable !
Dans mon grenier j’y ai installé toutes les commodités et notamment un petit seau hygiénique dans lequel je fais pipi , cela m’évite de descendre 3 ou 4 étages en urgence .
Et un matin où la colère était très présente en moi , je suis allée vider mon petit seau de pipi dans le grand seau d’eau qui servait à humidifier la « patte mouille » que ma mère et ses ouvrières utilisaient pour repasser les vêtements qu’elles confectionnaient tout au long de la journée …tout au long de la semaine …tout au long de l’année . Mes parents étaient des bourreaux du travail . C’est une chose qu’ils m’ont transmise et que je ne regrette pas.
Merci, papa, merci maman !
Alors aujourd’hui glorieux jour d’anniversaire ,
je me fais le cadeau d’accepter enfin qui je suis…. D’accepter mes ombres et pas seulement mes lumières , d’accepter mes erreurs et de me pardonner . Ma tête sait que ce sont nos erreurs qui nous font grandir …mais reconnaître que nous avons fait des erreurs , c’est une autre paire de manches ! Les autres font des erreurs c’est évident comme le nez au milieu du visage …mais moi personnellement quand je fais une erreur je m’empresse de la cacher au fond de moi pour que personne ne la voie …et le comble c’est que je parviens également à me convaincre que personne ne la voit !
Alors aujourd’hui glorieux jour anniversaire , j’ai envie de vous faire le cadeau de ma mémoire … parce que c’est là tout au fond que se bâti les fondations de notre personnalité …c’est là que nous prendrons des décisions comportementales pour toute notre vie , afin de compenser les manques ou aplanir les surcharges .
Merci de m’avoir écoutée, cela m’a fait beaucoup de bien de me confier à vous .
Si vous y marquer un quelconque intérêt, faites le-moi savoir , je prendrai plaisir à continuer mon histoire pour que vous compreniez :
et je