Pourquoi on devient psy 36 – Une catastrophe qui devient un cadeau.. 0

Un arrêté ministériel annonce qu’il y a trop d’enseignements supérieurs formant des gradués en Art plastique. Il est décidé que Mons et de liège resteraient en place …et que l’école de Charleroi passerait à la trappe !
On est en 1986 … c’est la fin de mon école Normale.
Dans un an je serai sans boulot ou je devrai accepter une fonction de « bouche trou » !
J’ai un an devant moi pour réagir ou laisser venir .

Depuis quelque temps les ordinateurs commençaient à investir tous les domaines et j’étais subjuguée par les possibilités qui potentiellement commençaient à pointer le bout de leur nez dans le domaine artistique.

L’heure est venue de prendre le train en marche …

Je m’inscris à un cours du soir en informatique, j’y apprends différents langages , intéressants, oui, mais qui n’ouvre pas les portes du dessin artistique assisté par ordinateur…personne ne connaît et ne voit pas très bien à quoi cela peut servir !
Je m’ennuie, mais je m’accroche, je veux cette certification pour donner du crédit au projet que j’ai dans la tête .

Créer un nouveau graduat est hors de question puisque Charleroi est devenu le parent pauvre de la communauté française.
La seule possibilité est d’ouvrir une 7e année de qualification .
OK je prends .
Mieux vaut un petit oiseau dans ta main que deux sur la haie !
Alors je m’informe, je visite différents salons commerciaux…je me pointe chez IBM, chez Apple qui venait d’inventer son Mackintosh …et puis il y avait les consoles de jeux Amiga , cet intelligent petit ordinateur qui d’origine gérait la numérisation de l’image et du son.

Je parviens à me faire admettre au sein d’un groupuscule de jeunes gamins boutonneux, mordus de bécane. Je les fréquente assidûment…
J’ai 44 ans et je fais figure de dinosaure …ils deviennent mes petits profs…eux ils savent et moi je ne sais pas !
Par le biais des jeux simplistes de l’époque, je commence à comprendre les mécanismes de l’animation numérique.

Arrive très vite le 1er septembre 1987 …j’ai pour seule obligation d’avoir 10 élèves inscrits …sans quoi cette section ne verra pas le jour.

N’écoutant que mon courage et ma détermination, je me pointe à la rue de la Montagne en pleine « braderie » …je sais que là je vais rencontrer mes anciens élèves venant faire leurs emplettes …et oui, la chance est avec moi….Alors je bonimente , je convaincs, je motive …ils doivent juste assister aux 3 premiers jours de la rentrée afin d’envoyer la liste des 10 inscrits au ministère…et ensuite ils pourront décider de rester au cours ou de partir…
Ils sont tous restés…merci les garçons !

Mais il faut du matériel et ça coûte un pont !
Demander à mon institution de fournir le matériel…OK ils ne seront pas contre, mais cela va prendre 10 mois de formalités, d’appels d’offres, et de votes au collège échevinal…

Alors je décide d’investir , j’achète 2 ordinateurs, 3 magnétoscopes , 5 moniteurs…une caméra…une table de mixage vidéo …et un « Genlock » petit objet super sophistiqué dont aucun marchant ne connaissait l’existence et qu’il fallait faire venir d’Angleterre pour la modique somme de 2.000 euros !…..Sans savoir si cela allait marcher.

Quitte ou double.
J’investis…j’ouvre ma section et je garde un emploi.
Je garde mes sous… je deviens chômeuse et dans le meilleur des cas je termine ma carrière comme petit prof dans le secondaire, dans une école de 3e zone.

Y a pas photo ! je casse ma tirelire !

J’ai tenu cette section à bout de bras durant 10 années glorieuses, m’investissant sans relâche dans l’apprentissage des nouveaux logiciels, l’info progressait à une vitesse vertigineuse …on changeait d’époque … plus question de dormir sur son acquis…un mois suffisait pour rendre la plus puissante nouveauté « hors service » !
Ça fait vibrer les neurones et le palpitant…mais quel pied !
Toute la Belgique a défilé dans ma classe pour s’informer et surtout me copier…c’était la première école d’images se synthèse « Art informatique ».
Cela m’a ouvert les portes des studios de télévision dans lesquels j’envoyais mes étudiants faire des stages. Ensemble nous avons réalisé 2 clips vidéo diffusés par la chaîne nationale .

On était devenu « une école » dans l’école…complètement indépendante…il nous manquant l’indépendance financière pour pouvoir acheter du matériel de pointe.

Est apparu un nouveau concept scolaire appelé « création d’une mini entreprise » …excellente idée qui permettait aux jeunes de s’initier au métier d’entrepreneur sous tous ses angles …statut social…émission d’actions…plan à courte et longue échéance …étude de la production…étude du marché …etc …et nous avions un VRAI numéro de TVA.

La seule différence entre les concepteurs et nous : ils jouaient avec des montants à 2 chiffres et nous des montants à 5 chiffres . Et même à ces prix-là, nous étions compétitifs sur le marché …bonheur…on a pu acheter la dernière caméra de chez Sony , on quittait le VHS pour le super 8…on s’est payé un scanner ! Même à la commune de Charleroi il n’y en avait pas…on s’est payé la nouvelle imprimante à jets d’encre qui ne faisait pas de bruit …
Et nous avons pu bénéficier d’un stand offert par la ville au salon de l’entreprise .
On y a déménagé tout le matériel de la classe dans la camionnette du papa d’une élève . Merci Monsieur Papa.
Mais cela faisait beaucoup d’envieux autour de moi , qui ne voyaient que les privilèges ! Non, c’était surtout beaucoup de travail.

Bref au bout de 6 mois , on nous a retiré notre numéro de TVA…on gagnait trop de pognon !

Mais j’avais pris goût à la gestion d’entreprise, alors j’ai décidé de créer une société que j’ai appelée N.E.S.T.O.R pourquoi Nestor : parce que c’est dôle, pas prétentieux, ça fait sourire et cela voulait dire pour ceux qui veulent l’info à tout prix …Numeric Editing System Targeting On Relationship …impressionnant , non !

J’ai oublié de vous dire qu’au bout d’un an j’ai vu débarquer dans ma classe la copie du matériel que j’avais acheté pour démarrer l’année scolaire …ben oui l’administration ne voulait pas que des mauvaises langues fassent courir des bruits.

Tout cela m’a permis de faire à l’identique un studio de production à mon domicile.
Et mon objectif maintenant était de le rentabiliser …de donner à N.E.S.T.O.R une identité concrète et productive.
Je vous passe les détails, mais j’ai réalisé des productions pour les sucreries de Tirlemont…pour l’Innovation Belgique secteur de l’habillement …pour le groupe des médecins diabétologues ….Pour l’université de Mons et de Valencienne…pour le centre du zinc à Paris … lequel me demandait de réaliser des animations sur la mécanique des fluides …mon boulot était d’imaginer les turbulences à l’intérieur des moules lorsqu’on y injecte le métal en fusion ….Ces animations devaient permettre aux ouvriers spécialisés d’anticiper les erreurs éventuelles dans la conception de leurs moules .
Cela m’a permis de côtoyer des milieux auxquels je n’aurais jamais eu accès.
Cela m’a obligé à développer des compétences insoupçonnées…cela m’a permis de m’inonder d’adrénaline …bref… de vivre pleinement.

Durant cinq ans j’ai engrangé beaucoup d’argent…qui à peine arrivé dans la caisse était aussitôt réinvesti dans de la nouvelle technologie.
Mon bilan comptable était zéro /zéro .
J’étais à la tête d’une montagne d’appareils obsolètes qui 10 ans plus tard ont fini à la décharge.
Mais je suis allée jusqu’au bout du rêve et mon bilan adrénaline a crevé les plafonds.
Waw merci la vie de m’avoir fait connaître ce shoot-là !

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